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élut Innocent lxxviii, comte du Gévaudan. Dès qu’il fut en possession de l’épiscopat, il commença à tourmenter Ursicin [Ursicinus], évêque de la ville de Cahors, disant qu’il retenait des choses qui appartenaient au diocèse de Rodez ; d’où il arriva que leurs discordes journalières allèrent toujours croissant. Quelques années après, le métropolitain lxxix, réuni avec ses suffragants dans la cité d’Auvergne, rendit un jugement portant que l’église de Rodez reprendrait les paroisses qu’on se rappelait lui avoir appartenu ; ce qui fut accompli.

Remi [Remigius], évêque de Bourges lxxx, mourut, et, après sa mort, la plus grande partie de sa ville fut consumée par un grand incendie, et là périt ce qui avait échappé aux calamités de la guerre. Après cela, par la faveur du roi Gontran, Sulpice fut élu évêque de cette ville. On rapporte que beaucoup de gens offrant au roi des présents pour en obtenir l’épiscopat, il leur répondit : « Il n’est pas dans l’habitude de notre gouvernement de vendre le sacerdoce, et il ne vous convient pas de l’acheter par des présents, car nous devons craindre d’encourir l’infamie d’un gain honteux, et vous d’être comparés à Simon-le-Magicien ; mais conformément à la prescience de Dieu, Sulpice sera votre évêque ; » et ainsi amené au clergé, il monta au siége de cette église. C’est un homme de grande noblesse, des premiers sénateurs de la Gaule, très instruit dans les belles-lettres, sans égal dans l’art des vers. Ce fut lui qui provoqua le synode dont nous avons parlé relativement aux paroisses du diocèse de Cahors.

Il vint d’Espagne un envoyé, nommé Oppila, apportant au roi Chilpéric beaucoup de présens. Le roi