Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’un homme de la cour du roi, étant à un festin dans la maison de Mummole, se lamentait de ce qu’un enfant qu’il chérissait avait été pris de la dysenterie. Le préfet lui répondit : « J’ai une herbe qui, lorsqu’on la fait prendre à celui qui est attaqué de la dysenterie, quelque désespéré qu’il soit, le guérit sur-le-champ. » Ces paroles ayant été rapportées à la reine, sa fureur s’en accrut, et ayant fait prendre des femmes de la ville de Paris, elle les livra aux tourments pour les forcer par des coups à déclarer ce qu’elles savaient. Elles avouèrent qu’elles étaient sorcières, et déclarèrent avoir fait mourir beaucoup de gens ; ajoutant, ce que je ne voudrais pas qu’on crût en aucune manière : « Nous avons, ô reine, sacrifié la vie de ton fils, pour celle du préfet Mummole. » Alors la reine les faisant livrer à des tourments encore plus cruels, fit assommer les unes, brûler les autres, attacher d’autres à des roues qui leur brisaient les os, et se retira avec le roi dans sa maison de Compiègne, où elle lui révéla tout ce qu’elle avait entendu dire du préfet. Le roi envoya des serviteurs ordonner à Mummole de venir le trouver, et après l’avoir interrogé, le fit charger de chaînes et livrer à divers tourments. On le suspendit à un poteau, les mains liées derrière le dos, et là on le questionna sur les maléfices dont il pouvait avoir connaissance ; mais il n’avoua rien de ce que nous avons rapporté plus haut. Cependant il confessa avoir pris souvent, de ces femmes, des onguents et des breuvages dont l’effet devait être de le mettre en grâce auprès du roi et de la reine. Lors donc qu’il fut détaché du poteau, il appela l’exécuteur [lietorem], et lui dit : « Allez annoncer au