Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/374

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

portèrent des présens, et arrêtèrent avec le roi Chilpéric l’époque où, selon la convention qu’il avait faite précédemment, il donnerait sa fille en mariage au fils du roi Leuvigild[1] lxx. L’époque fixée lxxi et toutes choses convenues, l’envoyé reprit sa route. Mais le roi Chilpéric étant sorti de Paris pour se rendre dans le pays de Soissons, il lui survint un nouveau chagrin : son fils, que, l’année précédente, il avait fait régénérer dans les eaux du baptême, fut pris de la dysenterie, et rendit l’esprit[2] lxxii. C’était là ce qu’annonçait cette flamme que, comme je l’ai dit plus haut, on avait vu tomber des nuages. Ils revinrent à Paris avec une douleur infinie, ensevelirent leur enfant, et firent courir après l’envoyé, pour qu’il revînt, et prolongeât le terme donné, le roi disant : Voilà que ma maison est remplie de deuil ; comment pourrai-je célébrer les noces de ma fille ? Car il voulait envoyer en Espagne une autre fille qu’il avait eue d’Audovère, et qu’il avait mise dans le monastère de Poitiers[3] lxxiii ; mais elle s’y refusa principalement à cause de la résistance de sainte Radegonde, qui disait : Il ne convient pas qu’une fille dédiée au Christ retourne aux voluptés du siècle.

Tandis que ces choses se passaient, on vint dire à la reine que l’enfant qui lui était mort avait succombé à des maléfices et à des enchantements, et que le préfet Mummole lxxiv, que la reine haïssait déjà depuis long-temps, était complice de ce crime. D’où il arriva

  1. Reccared qui lui succéda.
  2. Théodoric dont on a déjà parlé.
  3. Basine qui excita ensuite, dans ce monastère, les désordres que Grégoire de Tours raconte dans le 10e livre.