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accompagnée des ordres de la reine, à cause de laquelle surtout il avait été séparé de la communion, je refusai de le recevoir, disant : « Quand j’en aurai l’ordre de la reine, je le recevrai sans retard. » J’envoyai donc vers elle, et elle me répondit par écrit en ces mots : « Pressée de beaucoup de gens, je n’ai pu faire autrement que de lui permettre d’aller à Tours ; maintenant, je te prie, ne lui accorde pas la paix, et qu’il ne reçoive pas la communion de ta main, jusqu’à ce qu’il ait pleinement accompli ce qu’il nous doit. » En lisant cet écrit, je craignis qu’on ne le fit périr ; j’envoyai donc chercher son beau-père, et lui donnai connaissance de cette lettre, le priant que son gendre se conduisît avec prudence, jusqu’à ce qu’il eût adouci l’esprit de la reine ; mais lui, comme il était encore mon ennemi, soupçonnant de l’artifice dans ce conseil que je lui donnais de bonne foi et pour l’amour de Dieu, ne voulut pas agir d’après les avis que je lui faisais donner, et je vis l’accomplissement de ce proverbe que j’avais appris d’un certain vieillard : Donne toujours de bons conseils, soit à ton ami, soit à ton ennemi, car ton ami les suivra, et ton ennemi les méprisera. Méprisant donc celui-ci, il se rendit vers le roi, qui était alors avec son armée dans les environs de Melun, et supplia le peuple d’adresser sa prière au roi pour qu’il voulût le recevoir en sa présence. Le roi donc, prié par tout le peuple, consentit à le voir, et, prosterné à ses pieds, il lui demanda pardon ; mais le roi lui dit : « Tiens-toi sur tes gardes encore quelque temps, jusqu’à ce que tu aies vu la reine, et qu’elle t’ait dit les moyens de rentrer en grâce auprès d’elle,