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d’Agrippine, maintenant appelée Cologne[1] liv. Ses cheveux étant revenus, il s’échappa de ce lieu et se rendit près de Narsès, qui gouvernait alors l’Italie. Là, il prit une femme, engendra des fils et se rendit à Constantinople. De là, à ce qu’on rapporte, il fut longtemps après invité par quelqu’un[2] lv à revenir dans les Gaules, et débarquant à Marseille, il fut reçu par l’évêque Théodore qui lui donna des chevaux, et il alla rejoindre le duc Mummole [Mummolus]. Mummole occupait alors, comme nous l’avons dit, la cité d’Avignon ; mais à cause de cela le duc Gontran se saisit de l’évêque Théodore et le fit garder, l’accusant d’avoir introduit un étranger dans les Gaules, et de vouloir par ce moyen soumettre le royaume des Francs à la domination de l’empereur. Mais Théodore produisit, dit-on, une lettre signée de la main des grands du roi Childebert, et il dit : « Je n’ai rien fait par moi-même, mais seulement ce qui nous a été commandé par nos maîtres et seigneurs. » L’évêque était gardé dans sa cellule, et on ne lui permettait pas d’approcher de l’église. Une certaine nuit, tandis qu’il priait Dieu avec beaucoup d’application, sa cellule resplendit d’une grande lumière, en sorte que le comte qui le gardait fut consterné d’une terrible frayeur. On vit au-dessus de sa tête, pendant deux heures, un globe de la plus vive lumière. Le matin arrivé, le comte fit récit de la chose à ceux qui se trouvaient avec lui. Après cela Théodore fut conduit vers le roi Gontran avec l’évêque Épiphane lvi, qui fuyant les

  1. Colonia Agrippinensis. Les barbares, supprimant sans doute le dernier mot, avaient fini par l’appeler Colonia tout court.
  2. Par le duc Gontran Boson, comme on le verra dans le livre suivant.