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disaient-ils, de Charterius, évêque de la ville de Périgueux, et dans lesquelles le roi était fort maltraité. On y disait, entre autres choses, que l’évêque se plaignait d’être descendu du Paradis en Enfer, lorsqu’il avait passé de la domination du roi Gontran sous la puissance du roi Chilpéric. Le comte fit passer au roi sous sûre garde ces hommes et leurs lettres. Le roi, avec beaucoup de patience, envoya vers l’évêque des gens chargés de l’amener en sa présence, enfin d’examiner si les choses dont on l’accusait étaient ou non véritables. L’évêque étant arrivé, le roi lui présenta les hommes et les lettres, et lui demanda si c’était lui qui les avait envoyés. L’évêque le nia. Les hommes ayant été interrogés sur celui de qui ils les tenaient, nommèrent le diacre Fronton. L’évêque, interrogé sur son diacre, répondit que celui-ci était son grand ennemi, et qu’il n’était pas douteux que ce ne fut une méchanceté de sa part, car il lui avait souvent fait de mauvaises affaires ; mais le diacre fut amené sans retard, et interrogé par le roi, il chargea son évêque, disant : J’ai dicté cette lettre par l’ordre de l’évêque. Mais l’évêque se récria, disant que celui-ci cherchait souvent par des artifices à le faire dépouiller de son évêché. Le roi se laissant émouvoir à la clémence, et remettant sa cause entre les mains de Dieu, les relâcha tous deux, pria l’évêque de pardonner à son diacre, et le supplia de prier Dieu pour lui. Il fut donc renvoyé avec honneur dans son église, et deux mois après le comte Nonnichius, auteur de ce scandale, mourut frappé d’une attaque d’apoplexie. Comme il n’avait pas d’enfants, ses biens furent concédés par le roi à diverses personnes.