Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/357

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en vertus et en piété, très aumônier, nourrissant les pauvres, libéral à enrichir les églises et à sustenter le clergé. Il établit beaucoup de nouvelles métairies, planta des vignes, bâtit des maisons, mit des pays en culture, et appelant à lui les évêques doués de peu de biens, leur donnait avec bonté des repas, des maisons avec des champs et des cultivateurs, de l’argent, des tentures, des ustensiles, des agents et des serviteurs, disant : « Il faut que ces choses soient données aux églises, afin qu’elles s’en servent pour le soulagement de leurs pauvres, et m’obtiennent ainsi le pardon de Dieu. » Nous avons su encore de cet homme beaucoup d’autres bonnes œuvres qu’il serait trop long d’exposer. Il mourut à l’âge de soixante-dix ans.

Il parut encore cette année de nouveaux signes. Il y eut une éclipse de lune. Dans le territoire de Tours, à l’effraction du pain on en vit couler du vrai sang. Les murs de la ville de Soissons furent renversés. Prés d’Angers la terre trembla, et des loups entrés dans les murs de la ville de Bordeaux y mangèrent des chiens sans marquer aucune crainte des hommes. On vit des feux parcourir le ciel. La ville de Bazas fut consumée par un incendie qui dévasta l’église et la maison épiscopale. Nous apprîmes aussi qu’on y avait enlevé tout ce qui appartenait au service de l’autel.

Le roi Chilpéric, ayant envahi les villes de son frère, nomma de nouveaux comtes, et leur ordonna de lui apporter tous les tributs des villes. La chose, ainsi que nous l’avons appris, fut faite comme il l’avait ordonné. En ces jours-là Nonnichius, comte de la ville de Limoges, prit deux hommes porteurs de lettres venant,