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croire volontairement, on le lui fit au moins croire, malgré lui ; mais Priscus, au moyen de quelques présents, obtint qu’on lui donnât du temps, jusqu’à ce que son fils eût épousé une Juive de Marseille, promettant faussement d’accomplir ensuite ce que lui avait ordonné le roi. Dans l’intervalle, il s’éleva une querelle entre lui et Phatir, Juif converti, que le roi avait tenu sur les fonts de baptême. Le jour du sabbat, Priscus, s’étant ceint les reins, et ne tenant aucun instrument de fer à la main, s’était retiré dans un lieu secret pour y accomplir la loi de Moïse. Phatir survint tout à coup, et le tua à coups d’épée, ainsi que ceux qui étaient avec lui. Après les avoir tués, il s’enfuit dans la basilique de Saint-Julien xlviii, avec ses serviteurs qui étaient dans une rue voisine xlix. Pendant qu’ils y demeuraient renfermés, ils apprirent que le roi avait ordonné que, laissant la vie au maître, on tirât les serviteurs de la basilique, et qu’on les fit périr comme des malfaiteurs. Alors l’un d’eux tira son épée, et son maître ayant déjà pris la fuite, il tua ses camarades, et sortit de la basilique l’épée à la main ; mais le peuple, se jetant sur lui, le tua cruellement. Phatir eut la permission de retourner dans le royaume de Gontran, d’où il était venu ; mais peu de jours après il fut tué par les parents de Priscus.

Ansovald et Domegésile, envoyés en Espagne par le roi Chilpéric, pour y prendre connaissance de la dot de sa fille[1] l [Rigonthe], revinrent de leur mission. En ces

  1. Ceci est un reste de l’ancien usage des Germains chez qui « ce n’est point la femme, dit Tacite, qui apporte une dot au mari, mais le mari qui en donne une à la femme. » (De mor. Germ., c. 18.) Cet usage, indirectement consacré par plusieurs des lois barbares, entre autre par