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meur sortit de ses jambes en pustules ; et, comme il y mit un très violent cataplasme de cantharides, ses jambes tombèrent en pourriture, et il finit sa vie à l’âge de soixante-dix ans, la trente-troisième année de son épiscopat xlvii. Nonnychius, son cousin, lui succéda par l’ordre du roi.

Pappolène [Pappolenus], ayant appris la mort de Félix, reprit sa nièce, de qui il avait été séparé. Il lui avait été fiancé autrefois ; mais l’évêque Félix, reculant à accomplir le mariage, Pappolène était venu avec une grosse troupe, avait enlevé la jeune fille de son oratoire, et s’était réfugié dans la basilique de Saint-Albin. Alors l’évêque Félix, ému de colère, était parvenu, à force d’artifices, à séparer la jeune fille de son mari, et lui ayant fait prendre l’habit dans la ville de Bazas, il la mit dans un monastère : mais elle envoya secrètement des messagers à son mari pour qu’il vînt la reprendre, en l’enlevant du lieu où elle était renfermée. Celui-ci, qui le voulait bien, la retira du monastère, s’unit à elle en mariage, et s’étant muni des ordres du roi, cessa de craindre les menaces de ses parens.

Le roi Chilpéric fit baptiser cette année-là beaucoup de Juifs, et en tint plusieurs sur les fonts de baptême. Cependant il y en eut beaucoup dont l’eau du baptême lava seulement le corps, et non pas le cœur, et qui, menteurs envers Dieu, retournèrent à leur infidélité première ; en sorte qu’on les voyait à la fois observer le sabbat, et honorer le jour du Seigneur. Aucun argument ne put engager Priscus à reconnaître la vérité. Alors le roi irrité ordonna qu’il fût gardé, afin que ce qu’il ne consentait pas à