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sa baguette sur la mer, elle se divisa : et les hébreux passant à pied sec, et, comme dit l’Écriture, entourés des eaux comme d’un mur[1] xxii ; et, ayant Moïse à leur tête, arrivèrent sains et saufs à l’autre rivage, qui est vis-à-vis le mont Sinaï, tandis que l’armée des Égyptiens fut submergée. J’ai dit plus haut qu’il y avait beaucoup de récits de ce passage ; mais nous avons appris la vérité par le témoignage des hommes savants qui sont allés sur les lieux mêmes, et c’est ce que nous insérerons ici. Ils disent que les sillons qu’avaient faits les roues des chars subsistent encore aujourd’hui, et qu’on les aperçoit dans le fond de la mer, autant que la vue peut percer. Si quelque mouvement de la mer vient à les couvrir un peu, lorsqu’elle s’apaise par la volonté de Dieu, ils reparaissent comme ils étaient auparavant. D’autres disent que les Israélites, après avoir fait dans la mer un tour peu étendu, revinrent à la même rive d’où ils étaient partis ; d’autres affirment qu’ils passèrent tous par un seul chemin, et quelques-uns qu’un chemin s’ouvrit pour chaque tribu, à l’appui de quoi ils apportent le témoignage du psaume : Il a séparé la mer Rouge en sentiers ; il faut entendre ces mots selon l’esprit et non selon la lettre ; car il y a dans ce monde, qu’on appelle figurément une mer, un grand nombre de sentiers ; tous les hommes ne peuvent pas passer à la vie éternelle au même moment, ni par un seul chemin. Les uns passent à la première heure ; ce sont ceux que le baptême a fait renaître, et qui peuvent persister jusqu’à la fin de la vie terrestre sans aucune souillure de la chair : d’autres passent à la

  1. Exode, chap. 14, v. 22.