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viteur. J’allais chercher Pierre, j’allais chercher Paul, j’allais chercher Laurent et les autres qui ont illustré Rome de leur sang : ici je les ai tous trouvés, ici je les vois tous. » Comme il disait ces paroles avec beaucoup de larmes et d’admiration, l’homme de Dieu, qui évitait de toutes ses forces la vaine gloire, lui dit : « Tais-toi, tais-toi, très cher frère, ce n’est pas moi qui ai fait ces choses, mais celui qui a formé le monde de rien, et qui, pour nous s’étant fait homme, a donné la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds, la parole aux muets, qui a rendu aux lépreux leur peau naturelle, aux morts la vie, et accordé à tous les infirmes une abondante guérison. » Alors le diacre, plein de joie, lui ayant dit adieu, s’en alla avec son compagnon. Après leur départ, un certain Dominique xix (tel était son nom), aveugle de naissance, vint pour éprouver la vertu des miracles du saint. Après qu’il eut demeuré deux ou trois mois dans le monastère, adonné au jeûne et à l’oraison, l’homme de Dieu l’appela vers lui et lui dit : « Veux-tu recouvrer la vue ? Je voudrais, dit-il, connaître une chose inconnue, car je ne sais pas ce que c’est que la lumière ; je sais seulement que tous célèbrent ses louanges, mais, depuis le commencement de ma vie jusqu’à présent, je n’ai pas eu le bonheur de voir. » Alors le reclus, faisant sur ses yeux, avec de l’huile bénite, le signe de la sainte croix, dit : « Au nom de Jésus-Christ notre Rédempteur, que tes yeux soient ouverts ! » et sur-le-champ ses yeux furent ouverts. Et il admirait, il contemplait les grandes œuvres de Dieu que le monde présentait à sa vue. On amena aussi à Hospitius une femme qui, comme elle le disait elle-même