Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs effets que les vagues avaient rejetés sur la rive. Ils en recouvrèrent cependant ce qu’il y avait de meilleur et l’apportèrent au roi Chilpéric. Mais les gens d’Agde leur retinrent beaucoup de choses. J’allai en ce temps voir le roi à sa maison de Nogent[1] v. Il me montra un grand bassin d’or, orné de pierres précieuses, qu’il avait fait faire, et qui pesait cinquante livres, et il me dit : « J’ai fait faire cela pour honorer la nation des Francs et lui donner de l’éclat, et si la vie continue à m’accompagner, je ferai encore beaucoup d’autres choses. » Et me montra aussi des pièces d’or, chacune du poids d’une livre, que lui avait envoyées l’empereur, et qui portaient d’un côté l’image de l’empereur, autour de laquelle était écrit : Tiberii. Constanfini. Perpetui. Augusti. vi (De Tibère Constantin, perpétuel Auguste). De l’autre côté était un char à quatre chevaux sur lequel était monté un homme ; on y voyait écrits ces mots : Gloria. Romanorum (Gloire des Romains). Il me montra aussi beaucoup d’autres choses précieuses apportées par ses envoyés.

Tandis que j’étais à Nogent, Ægidius vii, évêque de Reims, vint avec les premiers de la cour de Childebert en ambassade vers le roi Chilpéric. Ils convinrent ensemble de chasser de son royaume le roi Gontran viii, et de s’unir par une alliance ; ensuite le roi Chilpéric dit : « Mes péchés se sont accumulés et il ne m’est pas demeuré de fils, ni aucun héritier qui puisse me survivre, si ce n’est le fils de mon frère Sigebert, c’est-à-dire le roi Childebert ; il héritera donc de tout ce que je pourrai amasser par mes travaux ix, pourvu seulement que, tant que je vivrai, je puisse jouir de tout sans crainte et sans dispute. » Eux le

  1. Nogent-sur-Marne.