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cela, le testament de l’évêque ayant été lu en présence du roi Childebert et de ses grands, Théodose, alors archidiacre de la ville, fut sacré évêque.

Chilpéric ayant appris tout le mal que commettait Leudaste dans l’église de Tours, et celui qu’il faisait à tout le peuple, y envoya Ansovald, qui, venant à l’époque de la fête de Saint-Martin, après avoir consulté le choix du peuple et le nôtre, éleva Eunome [Eunomius] à la place de comte. Leudaste, se voyant donc éloigné, alla vers Chilpéric, et lui dit : « Jusqu’à présent, ô roi très pieux, j’ai gardé la ville de Tours, et maintenant que je suis écarté de mes fonctions, prends garde de quelle manière elle sera gardée ; car tu sauras que l’évêque Grégoire a dessein de la livrer au fils de Sigebert. » Le roi, l’ayant entendu, lui dit : « Point du tout, mais parce qu’on t’a destitué, tu inventes ces choses. » Et alors Leudaste lui dit : « L’évêque dit encore bien autre chose de toi ; il dit que ta femme se livre en adultère à l’évêque Bertrand. » Alors le roi irrité, le frappant des pieds et des poings, ordonna qu’il fût chargé de fers, et renfermé dans une prison.

Comme ce livre demande à prendre fin, il convient de raconter ici quelques-unes des actions de Leudaste, mais en commençant par faire connaître sa naissance, sa patrie et son caractère. Il naquit dans une île du Poitou, nommée l’Isle de Ré, d’un nommé Léocade [Léocadius], serviteur chargé des vignes du fisc. On le fit venir pour le service royal, et il fut placé dans les cuisines de la reine ; mais, comme il avait, dans sa jeunesse, les yeux chassieux, et que l’âcreté de la fumée leur était contraire, on le fit passer du pilon au pétrin ;