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personnes, mais un seul royaume, une seule majesté, une seule puissance et toute-puissance. » Et lui me dit : « L’Esprit saint que tu élèves au même rang que le Père et le Fils doit être regardé comme moindre que tous deux, car nous lisons qu’il a été promis par le fils et envoyé par le père, et personne ne promet que ce qu’il a sous sa domination, et personne n’envoie que ce qui lui est inférieur, comme il le dit lui-même dans l’Évangile : Si je ne m’en vais point, le consolateur ne viendra point à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai[1], » et je répondis à cela : « Le fils a bien pu dire avant sa passion que s’il ne retournait pas vainqueur vers son père, et après avoir racheté le monde par son propre sang, afin de préparer dans l’homme une habitation digne de Dieu, le Saint-Esprit qui est Dieu lui-même, ne pourrait descendre dans un sein fanatique, et souillé de la tache du péché originel : car l’esprit saint, dit Salomon, fuit le déguisement[2] ; et toi-même, si tu as quelque espoir de résurrection, ne parle pas contre le Saint-Esprit ; car le Seigneur a dit : Si quelqu’un a parlé contre le Saint-Esprit, il ne lui sera remis ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir[3] ; » et lui me dit : « C’est celui qui envoie qui est Dieu et non celui qui est envoyé. » Sur cela, je lui demandai s’il croyait à la doctrine des apôtres Pierre et Paul, et comme il me répondit, j’y crois, j’ajoutai : « Lorsque l’apôtre Pierre reprit Ananie, à cause du mensonge qu’il avait fait à l’é-

  1. Év. sel. S. Jean, chap. 16, v. 7.
  2. Sagesse, chap. 1, v. 5.
  3. Év. sel. S. Math. chap. 12, v. 32.