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Magnachaire pour entrer dans le lit du roi ignorant. Que maintenant, sans s’informer de la naissance des femmes, on appelle enfants du roi ceux qui ont été engendrés par le roi. Le roi l’ayant su, extrêmement irrité, leur enleva leurs chevaux, leurs serviteurs et tout ce qu’ils pouvaient avoir, et ordonna qu’ils fussent enfermés, pour y faire pénitence, en des monastères situés dans des lieux fort éloignés, ne leur laissant à chacun d’eux qu’un seul clerc. Il donna des ordres terribles aux juges du lieu pour qu’ils les fissent garder par des gens armés, et ne souffrissent pas que personne pût les venir visiter. Le roi en ce temps avait encore deux fils dont l’aîné tomba malade ; alors les familiers du roi vinrent à lui et lui dirent : « Si le roi daigne écouter favorablement les paroles de ses serviteurs, ils se feront entendre à tes oreilles. » Le roi répondit : « Dites ce qu’il vous plaît. » Et ils dirent : « Prends garde que ces évêques n’aient été condamnés à l’exil sans le mériter, tellement que les péchés du roi pèsent sur quelqu’un, et qu’ainsi le fils de notre seigneur vienne à périr. » Il dit : « Allez au plus vite et relâchez-les, en les conjurant de prier pour nos petits enfans. » On alla vers eux, et ils furent mis en liberté. Sortis du monastère, ils se réunirent, et, s’embrassant parce qu’ils ne s’étaient pas vus depuis longtemps, ils retournèrent à leurs cités tellement touchés de componction qu’on les voyait sans relâche chanter des psaumes, célébrer des jeûnes, exercer l’aumône, passer les jours à la lecture des chants de David, et les nuits à chanter des hymnes et méditer des leçons ; mais une telle sainteté ne se