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rovée, retenu dans cette petite maison, craignant de satisfaire par beaucoup de tourments à la vengeance de ses ennemis, appela à lui Gaïlen, un de ses familiers, et lui dit : « Nous n’avons eu jusqu’ici qu’une âme et qu’une volonté ; ne souffre pas, je te prie, que je sois livré entre les mains de mes ennemis, mais, prends une épée et enfonce-la dans mon corps. » Celui-ci, sans hésiter, le perça de son couteau. Le roi en arrivant le trouva mort. Il y eut des gens qui soutinrent que les paroles de Mérovée, que nous venons de rapporter, avaient été supposées par la reine, et que Mérovée avait été tué secrètement par son ordre. Gaïlen ayant été pris, en lui coupa les mains, les pieds, les oreilles, le dessus des narines, et on le fit périr misérablement. Grindion fut condamné au supplice de la roue. Gucilian, autrefois comte du palais du roi Sigebert, eut la tête tranchée. Beaucoup d’autres, venus avec Mérovée, furent mis à mort de diverses et cruelles manières. On disait que cette trahison avait été particulièrement conduite par l’évêque Ægidius lviii et par Gontran Boson, car la reine Frédégonde portait à Gontran une amitié secrète comme meurtrier de Théodebert ; Ægidius lui était cher depuis longtemps.

Lorsque l’empereur Justin, perdant la raison, fut devenu tout à fait insensé et que l’impératrice Sophie fut demeurée seule à la tête de l’empire, les peuples, comme nous l’avons dit dans un livre précédent [IV], élurent Tibère César[1], homme vaillant, habile, sage, aumônier, défenseur des pauvres et des gens de bien. Comme il distribuait aux pauvres beaucoup des trésors

  1. En 574.