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nous rassemblâmes au lieu accoutumé ; le roi y étant venu dit à l’évêque : « Si tu as rendu à ces hommes des présents en retour de leurs présents, pourquoi leur as-tu demandé par serment de demeurer fidèles à Mérovée ? » L’évêque répondit : « Je leur ai demandé d’être ses amis, et j’aurais appelé à son secours non seulement un homme, mais, s’il me l’eût été permis, un ange du ciel, car c’était, comme je l’ai dit plusieurs fois, mon fils spirituel que j’ai tenu au baptême. » La discussion s’échauffant, l’évêque Prétextat se prosterna à terre et dit : « J’ai péché contre le ciel et contre toi, ô roi très miséricordieux ! je suis un détestable homicide. J’ai voulu te faire périr et élever ton fils sur ton trône. » Lorsqu’il eut dit ces paroles, le roi se prosterna aux pieds des évêques, disant : « Écoutez, très pieux évêques ! ce coupable a confessé son crime exécrable. » Alors nous relevâmes en pleurant le roi, et il ordonna à Prétextat de sortir de l’église. Lui-même se retira dans son logis, et il nous envoya les livres des canons auxquels on en avait ajouté un quatrième renfermant des canons dits apostoliques liv où se trouvaient ces paroles : « L’évêque pris en homicide, adultère ou parjure, doit être dépouillé du sacerdoce. » Lorsqu’on les eut lus, Prétextat demeurant saisi de stupeur, l’évêque Bertrand lui dit : « Écoute, ô frère et collègue ! comme tu n’as pas la grâce du roi, notre bienveillance ne peut t’être bonne à rien jusqu’à ce que tu aies obtenu que le roi te pardonne. » Après cela le roi demanda, ou qu’on lui déchirât sa robe, ou qu’on récitât sur sa tête le 108e psaume qui contient les malédictions contre Judas Iscariote lv, ou qu’on souscrivit un jugement contre