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ado- et servis[1] xxxix. » Le verset des psaumes qu’il trouva était celui-ci : « À cause de leur perfidie, ô Dieu, vous les avez renversés dans le temps même qu’ils s’élevaient. Ô comment sont-ils tombés dans la dernière désolation ? Ils ont manqué tout d’un coup, et ils ont péri à cause de leur iniquité[2] ». Il trouva ceci dans l’Évangile : « Vous savez que la Pâques se fera dans deux jours, et le fils de l’homme sera livré pour être crucifié[3] ». Consterné de ces réponses, il pleura très longtemps près du sépulcre du saint évêque ; puis ayant pris avec lui le duc Gontran, il s’en alla avec cinq cents hommes, ou davantage. Ayant donc quitté la sainte basilique, comme ils traversaient le territoire d’Auxerre, Mérovée fut pris par Erpon, l’un des ducs du roi Gontran, et s’étant ensuite échappé, je ne sais comment, d’entre ses mains, il se réfugia dans la basilique de Saint-Germain xl. Lorsque Gontran l’eut appris, irrité de colère contre Erpon, il le condamna à une amende de sept cents pièces d’or, et lui ôta son emploi, en disant : « Mon frère m’a dit que tu avais arrêté son ennemi ; si telle était ton intention, tu devais d’abord me l’amener ; autrement tu ne devais pas toucher à celui que tu ne voulais pas retenir. » Cependant l’armée du roi Chilpéric étant venue jusqu’à Tours, pilla, dévasta et brûla tout le pays, sans épargner ce qui appartenait à saint Martin ; car les soldats, sans aucune crainte ni pensée de Dieu, détruisirent tout ce qu’ils purent atteindre. Mérovée, après avoir demeuré deux mois dans la ba-

  1. Rois, liv. 3, chap. 9, v. 9.
  2. Ps. 72, v. 18, 19.
  3. Év. sel. S. Math. chap. 26, v. 2.