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jours prêt au parjure, il ne faisait jamais un serment à l’un de ses amis qu’il ne le violât aussitôt ; ils sortirent donc comme nous l’avons dit de la basilique et se rendirent à Jouay xxxvi, maison près de la ville. Mais personne ne fit de mal à Mérovée. Et comme Gontran était, comme nous l’avons dit, accusé de la mort de Théodebert, le roi Chilpéric envoya au tombeau de Saint-Martin des messagers avec une lettre écrite à saint Martin, le priant de lui mander, par sa réponse, s’il lui était permis ou non de tirer Gontran de sa basilique. Le diacre Baudégésile, chargé de cette lettre, la mit avec une feuille de papier blanc sur le saint tombeau ; mais, après avoir attendu trois jours sans recevoir aucune réponse, il retourna vers Chilpéric xxxvii. Celui-ci envoya alors d’autres gens qui exigèrent de Gontran le serment de ne pas quitter la basilique sans le lui faire savoir. Gontran jura avec empressement, donnant la couverture de l’autel pour gage de sa parole, qu’il ne s’en irait pas sans l’ordre du roi Mérovée, ne croyant pas aux paroles de la pythonisse, mit sur le tombeau du saint trois livres : savoir, le Psautier, les Rois et les Évangiles, et passant toute la nuit, il pria le bienheureux confesseur de lui découvrir ce qui devait arriver, afin que le Seigneur lui indiquât s’il devait régner ou non xxxviii. Il passa ainsi trois jours dans le jeûne, les veilles et l’oraison ; et revenant de nouveau à la sainte tombe, ouvrit un des livres qui était celui des Rois ; le premier verset de la page sur laquelle il tomba, était celui-ci [I Rois, 9, 9] : « Le Seigneur a frappé ces peuples de tous les maux, parce qu’ils ont abandonné le Seigneur leur Dieu, et qu’ils ont suivi des dieux étrangers, et les ont ado-