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vingtaine qui ne craignaient point Dieu et n’honoraient pas le saint confesseur, montèrent sur un bateau qui les passa à l’autre bord, et, poussés par l’ennemi des hommes, ils battirent les moines, mirent le monastère sens dessus dessous, et emportèrent tout ce qu’il contenait : ils en firent des paquets qu’ils mirent sur leur bateau ; mais lorsqu’ils firent entrés dans la rivière, le bateau agité les emporta çà et là. Comme ils n’avaient pas le secours des rames, ils s’efforcèrent de revenir au bord, en appuyant le bois de leurs lances au fond de la rivière ; mais le bateau s’ouvrit sous leurs pieds, et chacun se tenant la poitrine appuyée contre le fer de sa lance, ils furent tous transpercés par leurs propres armes. Un seul qui les avait réprimandés pour les empêcher de commettre cette action, demeura sans blessure, en sorte que si quelqu’un voulait regarder cet évènement comme un effet du hasard, il suffira de remarquer qu’entre plusieurs, le seul qui fût innocent, échappa au malheur. Ceux-ci morts, les moines les tirèrent du fleuve, ainsi que leurs effets, ensevelirent les corps, et rapportèrent dans la maison ce qui leur appartenait.

Tandis que cela se passait, Sigebert fit marcher les nations qui habitent au-delà du Rhin, et, se préparant à la guerre civile, forma le projet de s’avancer contre son frère Chilpéric[1][en 571]. Chilpéric l’ayant appris, des envoyés de sa part se rendirent près de son frère Gontran. Ils firent alliance, se promettant mutuellement qu’aucun des deux ne laisserait périr son frère. Mais le roi Sigebert étant arrivé à la tête de ses troupes, tandis que Chilpéric l’attendait d’autre part avec son

  1. En 571.