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faitement instruit dans les œuvres de Virgile, les lois du Code Théodosien et l’art du calcul. Orgueilleux donc de sa science, il commença à dédaigner le service de ses maîtres, et se mit sous la protection du duc Loup [Lupus, duc de la Champagne], lorsque celui-ci vint à Marseille par l’ordre du roi Sigebert. En partant de Marseille, il commanda à Andarchius de venir avec lui, le mit avec soin dans les bonnes grâces du roi Sigebert, et le fit passer à son service. Le roi l’envoya en divers lieux où il eut occasion de faire la guerre ; il vint ainsi en Auvergne, comme un homme élevé en dignité : là, il se lia d’amitié avec Ursus, citoyen de la ville. Comme il était d’un esprit audacieux, désirant épouser sa fille, il cacha, dit-on, sa cuirasse dans les tablettes où l’on avait coutume de serrer les papiers, et dit à la femme d’Ursus : Je te recommande tout cet or que j’ai caché dans ces tablettes ; il y a plus de seize mille pièces qui t’appartiendront, si tu me donnes ta fille en mariage. »

…………… Quid non mortalia pectora cogis
Auri sacra fames ? lvii

Cette femme crédule y ayant ajouté foi lui promit, en l’absence de son mari, de lui donner sa fille, et lui, après être allé trouver le roi, montra au juge du lieu un ordre par lequel il lui était enjoint de le marier à la jeune fille, disant : « J’ai donné des arrhes pour l’épouser. Le père la refusa, disant : Je ne sais pas d’où tu es, et je n’ai rien reçu de toi. » Le différend s’étant échauffé, Andarchius fit appeler Ursus en présence du roi, et, lorsqu’il fût arrivé à Braine, il prit un autre homme également nommé Ursus, et,