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mari, attendait l’occasion de pouvoir venger son père. Il arriva donc qu’éprise d’un désir d’amour pour un de ses domestiques, elle fit périr son mari par le poison, et, lorsqu’il fut mort, s’en alla avec le domestique. Mais on les prit et on les fit mourir tous deux[1] lii. Les Lombards nommèrent alors un autre roi pour les gouverner.

Ennius, surnommé Mummole [Mummolus], fut élevé par le roi Gontran au rang de patrice. Je crois qu’il sera bon de rapporter quelque chose de plus sur l’origine de sa fortune militaire. Il était né de Pæonius et habitait la ville d’Auxerre. Pæonius gouvernait cette ville en qualité de comte. Comme il avait envoyé son fils vers le roi avec des présents, pour obtenir d’être continué dans ses fonctions, celui-ci, au moyen des richesses de son père, brigua le comté pour lui-même, supplanta son père qui l’avait envoyé pour le servir, et, parvenant ensuite par degrés, il s’éleva à la plus haute dignité. Les Lombards ayant fait une irruption dans les Gaules, le patrice Aimé, récemment nommé à la place de Celse, marcha contre eux, et leur ayant livré bataille, prit la fuite et fut tué. Les Lombards firent en cette occasion un tel carnage des Bourguignons qu’il a été impossible de calculer le nombre des morts [en 571 Ruinart]. Ils retournèrent en Italie chargés de butin. Après leur départ, Ennius, dit Mummole, appelé par le roi, fut élevé à la dignité suprême du patriciat.

  1. Grégoire de Tours a défiguré ici la fin de l’histoire de Rosamonde, trop connue pour qu’il soit nécessaire de la rapporter en détail. Elle empoisonna elle-même, à Ravenne où elle s’était réfugiée, Helmichis son amant et son complice dans l’assassinat d’Alboin. Helmichis, se sentant près de mourir, reconnut la main de Rosamonde et la contraignit, l’épée sur la gorge, de boire le reste du poison.