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PRÉFACE
DE GRÉGOIRE DE TOURS


La culture des lettres et des sciences libérales dépérissant, périssant même dans les cités de la Gaule ; au Milieu des bonnes et des mauvaises actions qui y étaient commises, pendant que les barbares se livraient à leur férocité et les rois à leur fureur ; que l’Église était attaquée par les hérétiques et défendue par les catholiques ; que la foi chrétienne, fervente dans la plupart des cœurs, était, dans quelques autres, tiède et languissante ; que les Églises étaient tour à tour enrichies par les hommes pieux et dépouillées par les infidèles ; il ne s’est rencontré aucun grammairien, habile dans l’art de la dialectique, qui ait entrepris de décrire ces choses soit en prose, soit en vers. Aussi beaucoup d’hommes gémissaient disant : « Malheur à nos jours ! l’étude des lettres périt parmi nous, et on ne trouve personne qui puisse raconter dans ses écrits les faits d’à présent. » Voyant cela, j’ai jugé à propos de conserver, bien qu’en un langage inculte, la mémoire des choses passées, afin qu’elles