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ni qu’on leur reprochât aucun vol, mais irrité seulement, tant la haine le transportait, de ce qu’ils lui étaient fidèles ; sa femme et lui déclamaient avec beaucoup de blasphèmes contre le saint de Dieu, et tandis que les évêques précédents avaient observé depuis longtemps cette règle qu’aucune femme n’entrât dans la maison épiscopale, celle-ci entrait avec ses servantes jusque dans les cellules où reposaient les hommes consacrés à Dieu. Mais la majesté divine, irritée de cette conduite, exerça bientôt sa vengeance sur la famille de l’évêque, car le démon se saisit de sa femme et la forçait de parcourir toute la ville hors de sens et les cheveux épars, confessant pour ami du Christ le saint de Dieu qu’elle reniait en santé, et lui demandant à grands cris de l’épargner. L’évêque fut pris de la fièvre quarte et d’un grand tremblement, et lorsque la fièvre l’eut quitté, il demeura tremblant et comme stupide. Son fils et toute sa famille étaient de même pâles et comme atteints de stupidité, afin que personne ne pût douter qu’ils avaient été frappés par la puissance du saint ; car l’évêque Priscus et sa famille ne cessaient de déblatérer contre le saint de Dieu, tenant pour ami quiconque vomissait des injures sur son compte. Il avait ordonné dans les premiers temps de son épiscopat qu’on élevât les bâtiments de la maison épiscopale ; un diacre que souvent, dans le temps de sa vie mortelle, le saint de Dieu, pour crime d’adultère, avait non seulement éloigné de la communion, mais même fait frapper de coups, sans pouvoir parvenir à l’amender, étant monté sur le toit de la maison au moment où l’on commençait à le découvrir, dit : « Je te rends grâces, ô Jésus--