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en marche[1] [en 566 Ruinart]. Ils avaient alors pour comte Firmin [Firminus] qui se mit à leur tête. D’une autre part vint Audovaire, aussi à la tête d’une armée ; ils entrèrent dans la ville d’Arles, et firent prêter serment au roi Sigebert. Le roi Gontran l’ayant appris, envoya le patrice Celse à la tête d’une armée ; arrivé à Avignon, il prit cette ville, marcha ensuite vers Arles, et l’ayant environnée, commença à attaquer l’armée du roi Sigebert qui y était enfermée. Alors l’évêque Sabaude leur dit : « Sortez des murs et livrez le combat ; car, enfermés dans ces murs, vous ne pourriez vous défendre non plus que le territoire de cette ville. Si, par la grâce de Dieu, vous êtes vainqueurs, nous vous garderons la foi que nous vous avons promise ; si au contraire ce sont eux lui l’emportent, voici que vous trouverez les portes ouvertes, entrez-y alors pour ne pas périr. »

Trompés par cet artifice, ils sortirent des murs et se prirent en bataille ; mais lorsque vaincus par l’armée de Celse, et commençant à fuir, ils revinrent à la ville, ils en trouvèrent les portes fermées ; l’armée ennemie les poursuivant à coups de traits par derrière, et les gens de la ville les accablant de pierres, ils se dirigèrent vers le fleuve du Rhône, et se mirent sur leurs boucliers pour gagner l’autre rive ; mais emportés par la violence du fleuve un grand nombre se noyèrent, et le Rhône fut alors, pour les habitants d’Auvergne, ce que nous lisons que fut autrefois le Simoïs pour les Troyens[2] xxxii.

  1. En 566.
  2. Grégoire de Tours entendait peu la géographie de Virgile ; c’est sur la mer Méditerranée et non sur le Simoïs que se passe la célèbre tempête qu’il rappelle ici.