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et envoya son fils Gondebaud à Orléans. Marcatrude, ayant eu un fils, devint jalouse de Gondebaud et attenta à sa vie. On dit qu’elle le fit mourir en mettant du poison dans sa boisson. Lui mort, Marcatrude, par le jugement de Dieu, perdit son fils, et encourut la haine du roi qui la renvoya ; elle mourut peu de temps après. Après quoi le roi épousa Austrechilde, surnommée Bobyla ; il en eut deux fils, dont le plus âgé se nommait Clotaire et le plus jeune Clodomir.

Le roi Charibert prit pour femme Ingoberge, de qui il eut une fille, qui fût ensuite mariée et conduite dans le pays de Kent[1] xxvi. Ingoberge avait à son service deux jeunes filles d’un pauvre homme, dont la première s’appelait Marcovèfe, et portait l’habit religieux, l’autre s’appelait Méroflède. Le roi était très épris d’amour pour elles. Elles étaient, comme nous l’avons dit, filles d’un ouvrier en laine. Ingoberge, jalouse de ce que le roi les aimait, donna secrètement à leur père de l’ouvrage à faire, afin que lorsque le roi le saurait, il prît les filles en haine. Pendant qu’il travaillait, elle fit appeler le roi, qui vint croyant qu’elle voulait lui montrer quelque chose de nouveau, et vit de loin cet homme qui raccommodait les laines du palais. À cette vue, irrité de colère il quitta Ingoberge et épousa Méroflède. Il eut aussi une autre jeune fille nommée Teutéchilde, née d’un berger, c’est-à-dire d’un pasteur de troupeaux. On dit qu’elle lui donna un fils qui, en sortant du sein de sa mère, fut aussitôt porté au tombeau.

  1. Berthe ou Eldeberge, qui épousa Ethelbert, roi de Kent, et contribua puissamment à la conversion de son mari et des Anglo-Saxons au christianisme.