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min et Césaire par beaucoup de paroles trompeuses, et, après avoir longtemps parlé de choses et d’autres en se promenant dans l’église, comme les fugitifs étaient fort occupés de leur entretien, ils les firent approcher des portes de l’édifice sacré qu’on avait ouvertes. Alors Imnachaire ayant saisi dans ses bras Firmin, et Scaphtaire Césaire, ils les poussèrent hors de l’église, où un des serviteurs qu’on avait apostés s’en empara, et sur-le-champ ils les conduisirent en exil ; mais le lendemain, leurs gardes s’étant laissés vaincre par le sommeil, ils s’aperçurent qu’ils pouvaient s’en aller, s’enfuirent à la basilique du bienheureux Julien, et se délivrèrent ainsi de l’exil ; leurs biens furent remis au fisc.

Cependant l’évêque Cautin qui craignait, comme je l’ai dit, qu’on ne voulût lui faire du mal, poursuivait son chemin ayant près de lui un cheval sellé ; il vit derrière lui venir de son côté des hommes à cheval, et dit : « Malheur à moi voilà les gens que Chramne envoie pour me prendre ; » et montant à cheval, il laissa là son psaume, et pressant sa monture des deux talons, s’enfuit seul et à demi-mort jusqu’au portique de la basilique de Saint-Julien ; mais, en rapportant ces choses, nous devons nous rappeler ce que dit Salluste des censures auxquelles sont exposés les historiens [Catilina, III] : « Il est difficile d’écrire ce qui s’est passé, car il faut d’abord que les paroles soient à l’unisson des faits, et ensuite plusieurs attribuent à l’envie et à la malveillance l’animadversion que vous exprimez contre les crimes. » Mais poursuivons ce que nous avons commencé.

Clotaire, après la mort de Théodebald, s’étant mis