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femme qu’il avait abandonnée en se faisant clerc. Il fut excommunié par les évêques, et nous dirons plus tard quelle fut sa mort [livre V].

L’évêque Baudin mourut dans la seizième année de son épiscopat [en 552]. L’abbé Gonthaire fut mis à sa place ; ce fut le dix-septième depuis saint Martin.

Lorsque le bienheureux Quintien [Quintianus] fut sorti de ce monde, ainsi que nous l’avons dit [livre III], saint Gal iii, avec l’appui du roi, lui succéda dans son siège. À cette époque, la peste ravageait diverses contrées iv, surtout la province d’Arles, et saint Gal tremblait bien moins pour lui que pour son peuple. Comme nuit et jour il suppliait le Seigneur de lui épargner, durant sa vie, la vue d’une telle misère de son troupeau, un ange du Seigneur, dont la chevelure, ainsi que le vêtement, était blanche comme la neige, lui apparut en songe et lui dit : « Évêque, tu fais bien de prier ainsi le Seigneur pour ton peuple ; ta prière a été entendue, et voici : tu seras, ainsi que ton peuple, à l’abri de ce fléau, et personne dans cette contrée n’en mourra de ton vivant ; mais, après huit ans, tremble. » Il était clair par-là qu’au bout de ce terme l’évêque sortirait de ce monde. S’étant éveillé, il rendit grâces à Dieu de ce qu’il avait daigné le rassurer par ce messager céleste, et institua les actions de grâces qu’à la mi-carême les fidèles vont rendre à pied et en psalmodiant à la basilique de saint Julien martyr v, voyage d’environ trois cent soixante stades. On vit à la même époque les murs des maisons et des églises de son diocèse, soudainement marqués d’un signe auquel les paysans donnèrent le nom de Thau vi. Et en effet, tandis que ce fléau dévastait d’autres pays, par l’in-