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du diable[1] xxxvi. Comment ces misérables hérétiques pourraient-ils le nier, quand l’ennemi trouve place parmi eux jusque dans l’Eucharistie ? Nous qui confessons une seule Trinité égale en rang et en toute puissance, quand, au nom du Père, du Fils et de l’Esprit saint, Dieu véritable et incorruptible, nous avalerions le poison mortel, il ne nous ferait point de mal.

Les Italiens, indignés contre cette femme, appelèrent Théodat, roi de Toscane, et le firent leur roi. Lorsqu’il eut appris comment, à cause d’un serviteur qu’elle avait pris, cette impudique s’était rendue coupable d’un parricide envers sa mère, il fit chauffer un bain avec excès, et ordonna qu’elle y fût enfermée avec une servante. Aussitôt qu’elle fut entrée dans cette vapeur brûlante, elle tomba sur le pavé morte et consumée.

Les rois Childebert et Clotaire, ses cousins germains, ainsi que Théodebert, ayant appris par quel supplice honteux on l’avait fait périr, envoyèrent une ambassade à Théodat pour lui reprocher sa mort, et lui dire : « Si tu ne composes pas avec nous pour ce que tu as fait, nous prendrons ton royaume et, te condamnerons à la même peine. » Effrayé, il leur envoya cinquante mille pièces d’or. Childebert, comme il était toujours mal disposé et plein de mauvaise volonté

  1. Ce récit de Grégoire de Tours est complètement faux ; Audoflède, sœur de Clovis et femme de Théodoric, était morte avant son mari. Théodoric ne laissa qu’une fille, Amalasonthe, veuve elle-même à l’époque de sa mort, et qui gouverna sagement le royaume des Ostrogoths, au nom de son jeune fils Athalaric. L’ayant perdu en 534, elle associa à l’empire son cousin Théodat ou Theudès qui, voulant régner seul, la fit étrangler dans une île du lac de Bolsène. Quelque bruit confus avait probablement fourni à Grégoire de Tours cette occasion d’imputer à des Ariens un crime de plus.