Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des sénateurs d’Auvergne, invita Childebert à venir s’emparer de ce pays. Celui-ci se rendit sans retard en Auvergne. Il faisait ces jours-là un brouillard si épais qu’on ne pouvait discerner à la fois plus d’un demi arpent. Le roi disait : « Je voudrais bien pouvoir reconnaître par mes yeux cette Limagne d’Auvergne qu’on dit si riante. » Mais Dieu ne lui accorda pas cette grâce. Les portes de la ville étant fermées, en sorte qu’il ne trouvait aucune issue pour y entrer, Arcadius brisa la serrure de l’une de ces portes, et l’introduisit dans les murs : mais au moment où cela se passait, on apprit que Théodoric était revenu vivant de Thuringe.

Childebert ayant appris cette nouvelle avec certitude, quitta l’Auvergne, et se dirigea vers l’Espagne, à cause de sa sœur Clotilde[1] [en 531]. La fidélité de celle-ci à la religion catholique l’exposait à beaucoup d’embûches de la part de son mari Amalaric ; car plusieurs fois, comme elle se rendait à la sainte église, il avait ordonné qu’on jetât sur elle de l’ordure et d’autres puanteurs ; et l’on dit que sa cruauté contre elle se porta à de telles extrémités, qu’elle envoya à son frère un mouchoir teint de son propre sang ; en sorte que, vivement irrité, il se rendit en Espagne. Amalaric, apprenant son arrivée, prépara des vaisseaux pour s’enfuir[2] xvi. Childebert arrivait déjà, lorsqu’au moment de monter sur son vaisseau, Amalaric se rappela une grande quantité de pierres précieuses qu’il avait lais-

  1. En 531.
  2. Ce ne fut pas en Espagne, mais en Languedoc près de Narbonne, que Childebert rencontra l’armée d’Amalaric qui venait à sa rencontre ; il la battit, et Amalaric s’enfuit à Barcelone où il fut tué. Le Languedoc ou Septimanie appartenait alors aux rois Visigoths.