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Théodoric voulut tuer Clotaire, son frère ; et ayant disposé en secret des hommes armés, il le manda vers lui, comme pour conférer de quelque chose en particulier ; et, ayant fait étendre dans sa maison une toile d’un mur à l’autre, il ordonna à ses hommes armés de se tenir derrière : mais, comme la toile était trop courte, les pieds des hommes armés parurent au-dessous à découvert ; ce qu’ayant vu Clotaire, il entra dans la maison, armé, et avec les siens. Théodoric comprit alors que son projet, était connu : il inventa une fable, et l’on parla de choses et d’autres. Mais, ne sachant de quoi s’aviser pour faire passer sa trahison, il donna à Clotaire, dans cette vue, un grand plat d’argent. Clotaire lui ayant dit adieu, et l’ayant remercié de ce présent, retourna dans son logis. Mais Théodoric se plaignit aux siens d’avoir perdu son plat sans aucun motif, et dit à son fils Théodebert : « Va trouver ton oncle, et prie-le de vouloir te céder le présent que je lui ai fait. » Il y alla, et obtint ce qu’il demandait. Théodoric était trés-habile en de telles ruses.

Lorsqu’il fut revenu chez lui, il engagea Hermanfried à venir le trouver, en lui donnant sa foi qu’il ne courrait aucun danger ; et il l’enrichit de présents très honorables. Mais un jour qu’ils causaient sur les murs de la ville de Tolbiac, Hermanfried, poussé par je ne sais qui, tomba du haut du mur, et rendit l’esprit [en 530]. Nous ignorons par qui il fut jeté en bas ; mais plusieurs assurent qu’on reconnut clairement que cette trahison venait de Théodoric.

Pendant que Théodoric était en Thuringe, le bruit courut en Auvergne qu’il avait été tué. Arcadius xv, un