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eux avec l’aide de Dieu. » Eux, ayant entendu ces paroles, indignés de tant de crimes, demandèrent, d’une voix et d’une volonté unanimes, à marcher contre les Thuringiens. Théodoric, prenant avec lui, pour le seconder, son frère Clotaire et son fils Théodebert, partit avec une armée. Cependant les Thuringiens avaient préparé des embûches aux Francs : ils avaient creusé dans le champ où devait se livrer le combat, des fosses dont ils avaient caché l’ouverture au moyen d’un gazon épais, en sorte que la plaine paraissait unie. Lorsqu’on commença donc à combattre, plusieurs des chevaux des Francs tombèrent dans ces fosses, ce qui leur causa beaucoup d’embarras ; mais lorsqu’ils se furent aperçus de la fraude, ils commencèrent à y prendre garde. Enfin, les Thuringiens, voyant qu’on faisait parmi eux un grand carnage, et que leur roi Hermanfried avait pris la fuite, tournèrent le dos, et arrivèrent au bord du fleuve de l’Unstrut ; et là, il y eut un tel massacre des Thuringiens que le lit de la rivière fût rempli par les cadavres amoncelés, et que les Francs s’en servirent comme de pont pour passer sur l’autre bord. Après cette victoire, ils prirent le pays, et le réduisirent sous leur puissance [en 529].

Clotaire, en revenant, emmena captive avec lui Radegonde, fille du roi Berthaire, et la prit en mariage ; il fit depuis tuer injustement son frère par des scélérats. Elle, se tournant vers Dieu, prit l’habit, et se bâtit un monastère dans la ville de Poitiers. Elle s’y rendit tellement excellente dans l’oraison, les jeûnes, les veilles, les aumônes, qu’elle acquit un grand crédit parmi les peuples xiv.

Tandis que les rois francs étaient en Thuringe,