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contre des ennemis, d’en laisser d’autres chez soi. Car ainsi, ayant l’un à dos, les autres en tête, je me précipiterais entre deux armées ; la victoire sera plus complète et plus aisée à obtenir, si je sépare l’un de l’autre. Le premier mort, je pourrai beaucoup plus aisément me défaire du second. » Et aussitôt il fit mourir Sigismond avec sa femme et ses fils, en ordonnant qu’on les jetât dans un puits près de Coulmiers xi, bourg du territoire d’Orléans[1], et marcha en Bourgogne, appelant à son secours le roi Théodoric. Celui-ci, ne s’inquiétant pas de venger l’injure de son beau-père, promit d’y aller, et étant rejoints près de Véseronce[2] xii, lieu situé dans le territoire de la cité de Vienne, ils livrèrent combat à Gondemar. Gondemar ayant pris la fuite avec son armée, Clodomir le poursuivit, et, comme il se trouvait déjà assez éloigné des siens, les Bourguignons, imitant le signal qui lui était ordinaire, l’appelèrent en lui disant : « Viens, viens par ici, nous sommes les tiens. » Il les crut, alla à eux, et tomba ainsi au milieu de ses ennemis qui lui coupèrent la tête, la fixèrent au bout d’une pique, et l’élevèrent en l’air [en 524]. Ce que voyant les Francs, et reconnaissant que Clodomir avait été tué, ils recueillirent leurs forces, mirent en fuite Gondemar, écrasèrent les Bourguignons et s’emparèrent de leur pays. Clotaire, sans aucun délai, s’unit en mariage à la femme de son frère, nommée Gontheuque, et la reine Clothilde,

  1. Près de ce bourg se trouvait en effet un puits nommé, dans quelques anciennes chartes, puits de Saint-Sigismond, ou par contraction, de Saint-Simond. Sigismond fut placé au nombre, non seulement des saints, mais des martyrs, d’après l’usage de ce temps qui honorait du titre de martyrs tous les innocents massacrés sans raison.
  2. Selon d’autres, Voiron en Dauphiné.