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prier pour obtenir son pardon ; il y fonda un chant perpétuel, et retourna à Sion, la vengeance divine le poursuivant pas à pas. Le roi Théodoric épousa sa fille [Suavegothe].

La reine Clotilde parla cependant à Clodomir et à ses autres fils, et leur dit : « Que je n’aie pas à me repentir, mes très chers enfants, de vous avoir nourris avec tendresse ; soyez, je vous prie, indignés de mon injure, et mettez l’habileté de vos soins à venger la mort de mon père et de ma mère. » Eux, ayant entendu ces paroles, marchèrent vers la Bourgogne, et se dirigèrent contre Sigismond et son frère Gondemar. Vaincu par leur armée, Gondemar tourna le dos ; mais Sigismond, cherchant à se réfugier au monastère de Saint-Maurice, fut pris avec sa femme et ses fils par Clodomir [en 523], qui, les ayant conduits dans la ville d’Orléans, les y retint prisonniers. Les rois s’étant éloignés, Gondemar reprit courage, rassembla les Bourguignons, et recouvra son royaume. Clodomir, se disposant à marcher de nouveau contre lui, résolut de faire mourir Sigismond. Le bienheureux Avitus, abbé de Saint-Mesmin [de Mici] x, prêtre renommé de ce temps, lui dit : « Si, dans la crainte de Dieu, tu te ranges à de meilleurs conseils, et ne souffres pas qu’on tue ces gens-là, Dieu sera avec toi, et là où tu vas, tu obtiendras la victoire ; mais, si tu les fais mourir, tu périras de même, livré entre les mains de tes ennemis, et il en sera fait de ta femme et de tes fils comme tu feras de la femme et des enfants de Sigismond. »

Mais le roi méprisant son avis, lui dit : Je regarde comme la conduite d’un insensé, quand on marche