Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nommé Sigeric, il en épousa une autre qui, selon l’ordinaire des belles-mères, commença à prendre son fils très fort en haine, et à élever des querelles avec lui. Il arriva qu’en un jour de cérémonie, le jeune homme, reconnaissant sur elle des vêtements de sa mère, lui dit, irrité de colère : « Tu n’étais pas digne de porter sur tes épaules ces habits que l’on sait avoir appartenu à ma mère ta maîtresse. » Elle alors transportée de fureur, excita son mari par des paroles trompeuses, en lui disant : « Ce méchant aspire à posséder ton royaume, et quand il t’aura tué, il compte l’étendre jusqu’à l’Italie, afin de posséder à la fois le royaume de son aïeul Théodoric en Italie et celui-ci. Il sait bien que, tant que tu vivras, il ne peut accomplir ce dessein, et que si tu ne tombes, il ne saurait s’élever. » Poussé par ce discours et d’autres du même genre, et prenant conseil de sa cruelle épouse, Sigismond devint un cruel parricide, car voyant l’après-midi son fils appesanti par le vin, il l’engagea à dormir ; et pendant son sommeil, on lui passa derrière le cou un mouchoir, qu’on lia au-dessous du menton ; deux domestiques le tirèrent à eux chacun de son côté, et ils l’étranglèrent [en 522]. Aussitôt que cela fut fait, le père, déjà touché de repentir, se jeta sur le cadavre inanimé de son fils, et commença à pleurer amèrement. Sur quoi, à ce qu’on a rapporté, un vieillard lui dit : « Pleure désormais sur toi qui, par de méchants conseils, es devenu un très barbare parricide ; car pour celui-ci que tu as fait périr innocent, il n’a pas besoin qu’on le pleure. » Cependant Sigismond s’étant rendu à Saint-Maurice y demeura un grand nombre de jours dans le jeûne et les larmes, à