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LIVRE TROISIÈME


Je demanderai la permission de m’arrêter quelques momens à exposer, par forme de comparaison, en quelle façon les choses ont prospéré aux Chrétiens qui confessaient la bienheureuse Trinité, et tourné à la ruine des hérétiques qui l’avaient divisée. Je ne rapporterai point ici comment Abraham adore la Trinité au pied du chêne, comment Jacob la proclame dans, sa bénédiction, comment Moïse la reconnaît dans le buisson ardent, comment le peuple la suit dans la nue et la redoute sur la montagne, ni comment Aaron la porte en son rational, ni comment encore David, l’annonce dans ses psaumes, lorsqu’il prie le Seigneur de le renouveler par l’esprit de rectitude, de ne pas le priver de l’esprit saint, et de l’affermir par l’esprit principal[1]. Je reconnais en ces paroles un grand mystère ; c’est qu’une voix prophétique proclame esprit principal celui que les hérétiques tiennent pour infé-

  1. Voici les versets dont Grégoire de Tours fait cette bizarre application :
    « Créez en moi, ô mon Dieu ! un cœur pur, et rétablissez de nouveau un esprit droit dans le fond de mes entrailles. »
    « Ne me rejetez pas de devant votre face, et ne retirez pas de moi votre esprit saint. »
    « Rendez-moi la joie qui naît de la grâce de votre salut, et affermissez-moi en me donnant un esprit de force. » (Psaum. 50, vers. 10, 11 et 12.)