Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

derrière le dos, en présence de Clovis. Celui-ci lui dit : « Pourquoi as-tu fait honte à notre famille en te laissant enchaîner ? il te valait mieux mourir ; » et ayant levé sa hache, il la lui rabattit sur la tête. S’étant ensuite tourné vers son frère il lui dit : « Si tu avais porté du secours à ton frère, il n’aurait pas été enchaîné ; » et il le frappa de même de sa hache. Après leur mort, ceux qui les avaient trahis reconnurent que l’or qu’ils avaient reçu du roi était faux. L’ayant dit au roi, on rapporte qu’il leur répondit : « Celui qui, de sa propre volonté, traîne son maître à la mort, mérite de recevoir un pareil or ; » ajoutant qu’ils devaient se contenter de ce qu’on leur laissait la vie, s’ils ne voulaient pas expier leur trahison dans les tourmens. À ces paroles, eux voulant obtenir sa faveur, lui assurèrent qu’il leur suffisait qu’il les laissât vivre. Les rois dont nous venons de parler étaient les parens de Clovis. Renomer fut tué par son ordre dans la ville du Mans. Après leur mort, Clovis recueillit leurs royaumes et tous leurs trésors. Ayant tué de même beaucoup d’autres rois, et ses plus proches parens, dans la crainte qu’ils ne lui enlevassent l’empire, il étendit son pouvoir dans toute la Gaule. On rapporte cependant qu’ayant un jour assemblé ses sujets, il parla ainsi de ses parens qu’il avait lui-même fait périr : « Malheur à moi qui suis resté comme un voyageur parmi des étrangers, n’ayant pas de parens qui puissent me secourir si l’adversité venait ! » Mais ce n’était pas qu’il s’affligeât de leur mort ; il parlait ainsi seulement par ruse et pour découvrir s’il avait encore quelque parent afin de le faire tuer.

Toutes ces choses s’étant passées ainsi, Clovis mourut