Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passé le Rhin pour se promener dans la forêt de Buconia[1] cxi, s’endormit à midi dans sa tente ; son fils envoya contre lui des assassins et le fit tuer, dans l’espoir qu’il posséderait son royaume. Mais, par le jugement de Dieu, il tomba dans la fosse qu’il avait méchamment creusée pour son père. Il envoya au roi Clovis des messagers pour lui annoncer la mort de son père et lui dire : « Mon père est mort, et j’ai en mon pouvoir ses trésors et son royaume. Envoie-moi quelques-uns des tiens, et je leur remettrai volontiers ceux des trésors qui te plairont. » Clovis lui répondit : « Je rends grâces à ta bonne volonté, et je te prie de montrer tes trésors à mes envoyés, après quoi tu les posséderas tous. » Chlodéric montra donc aux envoyés les trésors de son père. Pendant qu’ils les examinaient, le prince dit : « C’est dans ce coffre que mon père avait coutume d’amasser ses pièces d’or. » Ils lui dirent : « Plongez votre main jusqu’au fond pour trouver tout. » Lui l’ayant fait et s’étant tout à fait baissé, un des envoyés leva sa francisque et lui brisa le crâne. Ainsi cet indigne fils subit la mort dont il avait frappé son père. Clovis, apprenant que Sigebert et son fils étaient morts, vint dans cette même ville, et ayant convoqué tout le peuple il lui dit : « Écoutez ce qui est arrivé. Pendant que je naviguais sur le fleuve de l’Escaut, Chlodéric, fils de mon parent, tourmentait son père en lui disant que je voulais le tuer. Comme Sigebert fuyait à travers la forêt de Buconia, Chlodéric a envoyé contre lui des meurtriers qui l’ont mis à mort ; lui-même a été assassiné, je ne sais par

  1. Forêt voisine de Cologne.