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et semblait voler vers lui, comme pour indiquer qu’aidé de la lumière du saint confesseur Hilaire, le roi triompherait plus futilement de ces bandes hérétiques, contre qui le pontife lui-même avait souvent soutenu la foi. Clovis défendit a toute l’armée de dépouiller personne ou de piller le bien de qui que ce soit dans cet endroit ou dans la route.

Il y avait dans ce temps un homme d’une admirable sainteté, l’abbé Maxence, renfermé par la crainte de Dieu dans son monastère situé dans le territoire de Poitiers. Nous n’indiquons pas au lecteur le nom de ce monastère, parce que cet endroit s’appelle encore aujourd’hui la chapelle de Saint-Maxence ; les moines, voyant qu’un corps de troupes s’avançait vers le monastère, prièrent leur abbé de sortir de sa cellule pour les exhorter à se retirer. Effrayés de ce qu’il tardait, ils ouvrirent la porte et le firent sortir de la cellule. Maxence marcha courageusement au-devant de la troupe, comme pour demander la paix ; un soldat avait tiré son épée pour lui trancher la tête, mais sa main qu’il avait levée jusques auprès de son oreille, se raidit tout à coup et l’épée tomba en arrière. Le soldat, se prosternant aux pieds du saint homme, lui demanda pardon. À cette vue, les autres, saisis d’une brande terreur, retournèrent à l’armée craignant de subir le même sort. Le saint confesseur ayant touché le bras du soldat avec de l’huile bénite, et fait le signe de la croix, lui rendit la santé ; ainsi sa protection préserva le monastère de tout outrage. Il fit encore un grand nombre d’autres miracles. Si quelqu’un est curieux de s’en instruire, il les trouvera tous en lisant le livre de sa vie. C’était la vingt-cinquième année de Clovis.