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nière de célébrer les Rogations. Tous les sujets d’épouvante s’étant alors dissipés, la nouvelle de ce fait se répandit dans toutes les provinces, et porta tous les évêques à imiter ce qu’avait inspiré à Mamertus sa profonde foi. On célèbre encore aujourd’hui, au nom de Jésus-Christ, ces cérémonies dans toutes les églises, avec componction du cœur et contrition d’esprit.

Alaric, roi des Goths, voyant les conquêtes continuelles que faisait Clovis, lui envoya des députés pour lui dire : « Si mon frère y consent, j’ai dessein que nous ayons une entrevue cii sous les auspices de Dieu. » Clovis, y consentant, alla vers lui. S’étant joints dans une île de la Loire, située auprès du bourg d’Amboise, sur le territoire de la cité de Tours, ils conversèrent, mangèrent et burent ensemble ; après s’être promis amitié, ils se retirèrent en paix.

Beaucoup de gens, dans toutes les Gaules, désiraient alors extrêmement être soumis à la domination des Francs. Il arriva que Quintien, évêque de Rodez, haï pour ce sujet, fut chassé de la ville. On lui disait : « C’est parce que ton vœu est que la domination des Francs s’étende sur ce pays. » Peu de jours après, une querelle s’étant élevée entre lui et les citoyens, les Goths, qui habitaient cette ville, ressentirent de violens soupçons ; car ces citoyens reprochaient à Quintien de vouloir les soumettre aux Francs ; et, ayant tenu conseil, ils résolurent de le tuer. L’homme de Dieu, en ayant été instruit, se leva pendant la nuit avec ses plus fidèles ministres, et, sortant de la ville de Rodez, il se retira en Auvergne, où l’évêque saint Euphrasius, qui avait succédé à Apruncule de Dijon, le reçut avec bonté, et lui ayant fait