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qu’une mort soudaine ne vînt le frapper. Il avait avec lui un homme célèbre, nommé Aridius xci, courageux et sage. L’ayant fait venir, il lui dit : « De tous côtés je suis entouré d’embûches, et ne sais ce que je dois faire, parce que ces barbares viennent sur nous pour nous tuer et ravager ensuite notre pays. » Aridius lui répondit : « Il faut, pour ne pas périr, que vous apaisiez la férocité de cet homme. Maintenant, si cela vous plaît, je feindrai de vous fuir et de passer vers lui ; et lorsque je me serai réfugié vers lui, je ferai en sorte qu’il ne détruise ni vous ni cette contrée. Veuillez seulement lui accorder, ce qu’il vous demandera par mon conseil, jusqu’à ce que la clémence du Seigneur daigne faire prospérer votre cause. » Et Gondebaud lui dit : « Je ferai ce que tu auras demandé. » Après ces mots, Aridius prit congé, du roi et s’éloigna. Étant arrivé, vers le roi, Clovis, il lui dit : « Voilà que moi, ton humble esclave, très pieux roi, je viens me livrer en ta puissance, abandonnant le misérable Gondebaud. Si ta clémence daigne jeter les yeux sur moi, tu verras en moi un serviteur intègre et fidèle pour toi et tes successeurs. » Le roi l’ayant aussitôt reçu, le garda avec lui ; car il était enjoué dans ses récits, sage dans les conseils, juste dans ses jugemens, et fidèle dans ce qu’on lui confiait.

Clovis ayant campé avec son armée sous les murs de la ville, Aridius lui dit : « Si la gloire de ta grandeur, ô roi, daigne accueillir les petits conseils de ma faiblesse, quoique tu n’aies pas besoin d’avis, je te les donnerai avec une entière fidélité, et ils pourront être utiles et à toi, et au pays que tu te proposes