Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et il l’avait dirigée avec ardeur vers les sciences sacrées : « Je ne m’occupe point, dit-il lui-même, de la fuite de Saturne, ni de la colère de Junon, ni des adultères de Jupiter ; je méprise toutes ces choses qui tombent en ruines, et m’applique bien plutôt aux choses divines, aux miracles de l’Évangile. » Le peuple partageait ce sentiment ; c’était celui des meilleurs hommes de l’époque, de tous ceux qui conservaient quelque énergie morale, quelque goût vraiment actif pour le développement intellectuel, et lorsque le jeune Florentius retourna en Auvergne après avoir été guéri par l’intervention de Saint Martin, il laissa le peuple comme le clergé de Tours pleins d’admiration pour la sainteté de son langage, de sa vie et de son savoir.

Il en reçut bientôt la preuve la plus éclatante. En 575, pendant un voyage qu’il fit, on ne sait pourquoi, à la cour de Sigebert roi d’Austrasie, auquel appartenait l’Auvergne, Euphronius, évêque de Tours, vint à mourir ; et d’une voix unanime, dit le biographe, le clergé et le peuple élurent à sa place Grégoire absent et âgé seulement de trente-quatre ans. Des députés partirent aussitôt pour aller solliciter du roi Sigebert la confirmation de ce choix. Grégoire hésita ; l’abbé