Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fraient de la disette. Ceux-ci l’ayant fait amenèrent à sa maison tous les pauvres qu’ils purent trouver. Là il les nourrit pendant tout le temps de la disette, et les empêcha de mourir de faim. Il y eut, comme beaucoup le rapportent, plus de quatre mille personnes des deux sexes. L’abondance étant revenue, Ecdicius les fit reconduire chacun dans son pays par le même moyen. Après leur départ, il entendit une voix partant du ciel qui lui dit : « Ecdicius, Ecdicius, puisque tu as fait cette action, ta postérité ne manquera jamais de pain, parce que tu as obéi à mes paroles et rassasié ma faim en nourrissant les pauvres. »Beaucoup de gens rapportent que cet Ecdicius était d’un courage admirable. On dit qu’un jour, avec dix hommes lxxiv, il mit en fuite un grand nombre de Goths. On raconte que, pendant la même famine, saint Patient, évêque de Lyon, fit au peuple le même bien. Il nous reste encore une lettre de saint Sidoine [lettre 12 du livre VI], dans laquelle il le loue solennellement à ce sujet.

De son temps, Euric [Eoric ou Euvarex], roi des Goths, sortant des frontières d’Espagne, fit tomber dans les Gaules une cruelle persécution sur les Chrétiens. Il faisait décapiter tous ceux qui ne voulaient pas se soumettre à sa perverse hérésie, et plongeait les prêtres dans des cachots. Quant aux évêques, il envoyait les uns en exil, et faisait périr les autres. Il avait ordonné de barricader les portes des églises avec des épines, afin que l’absence du culte divin fît tomber en oubli la foi. La Gascogne [Novempopulanie] et les deux Aquitaines lxxv furent surtout en proie à ces ravages [vers l’an 467]. Il existe encore aujourd’hui à ce sujet une lettre du noble Sidoine [à l’évêque d’Aix, Basile]. Mais l’auteur