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Dieu auquel a été remis le soin de paître les brebis, et qui s’empare du pouvoir que ni Dieu ni les hommes ne lui ont confié.

Le saint pontife, quoiqu’il lui restât encore un ennemi, fût remis en possession de son pouvoir. Il arriva après cela qu’étant attaqué de la fièvre, il devint malade, et pria les siens de le porter dans l’église. Lorsqu’il y fut venu, une multitude d’hommes, de femmes et d’enfants s’assembla auprès de lui, pleurant et disant : « Pourquoi nous abandonnes-tu, bon pasteur ? ou à qui laisses-tu ceux que ta mort va rendre orphelins ? Quelle sera notre vie après ta mort ? Qui, dans la suite, nous assaisonnera comme toi du sel de la sagesse ? Qui nous inspirera par sa prudence la crainte du saint nom de Dieu ? » Le peuple entremêlait ces paroles de grandes lamentations. Enfin le pontife, se sentant animé du Saint-Esprit, leur répondit : « Ne craignez rien, ô peuples ! voilà que mon frère Apruncule vit, et il sera votre pontife. » Ne comprenant pas ces paroles, ils le croyaient en délire.

Aussitôt après sa mort lxxi, le méchant prêtre qui était resté, animé d’une avidité coupable, s’empara de tous les biens de l’église, comme s’il était déjà évêque, et il disait : « Le Seigneur a enfin jeté les yeux sur moi, et il a vu que j’étais plus juste que Sidoine, et il m’a accordé ce pouvoir. » Tandis qu’il parcourait toute la ville en triomphe arriva le jour du Seigneur, qui n’était pas éloigné de la mort du saint homme. Il prépara un festin, fit inviter tous les citoyens dans la maison épiscopale ou, sans respect pour les vieillards, il se coucha le premier sur son lit. L’échanson, lui ayant offert une coupe, lui dit : « Seigneur, j’ai eu un