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clercs et des citoyens, et avec un chœur nombreux qui chantait devant lui. À sa mort [en l’an 473], il fut remplacé par Sidoine, qui avait été préfet[1] lxvi. C’était un homme très noble, selon la dignité du siècle, et un des premiers sénateurs des Gaules ; aussi avait-il obtenu en mariage la fille de l’empereur Avitus[2] lxvii. De son temps, pendant que Victor, dont nous avons parlé ci-dessus, demeurait encore à Clermont, il y avait, dans le monastère de Saint-Cyr de cette même ville, un abbé, nommé Abraham, qui était animé de la foi et des vertus de ce premier patriarche, comme nous l’avons rapporté dans le livre de sa vie lxviii.

Saint Sidoine était doué d’une si grande éloquence que très souvent il improvisait sur-le-champ avec le plus grand éclat sur quelque sujet qu’il voulût. Il arriva qu’un jour il fut invité à la fête de la basilique du monastère dont nous avons parlé ci-dessus ; quelqu’un lui ayant méchamment enlevé le petit livre dont il avait coutume de se servir pour célébrer les fêtes sacrées, il se prépara en très peu de temps, et récita tout l’office de la fête si bien que tout le monde l’admirait, et que les assistants croyaient entendre, non pas un homme, mais un ange. Nous en avons amplement parlé dans la préface du livre que nous avons ajouté aux messes de sa composition lxix. Comme il était d’une admirable sainteté, et, ainsi que nous l’avons dit, un des premiers sénateurs, il emportait souvent de la maison, à l’insu de sa femme, des vases d’argent qu’il distribuait aux pauvres. Lorsque celle-ci en était ins-

  1. Préfet de Rome, en 467, sous l’empereur Anthémius. Il fut nommé évêque en 471.
  2. Papianilla. Sidoine l’épousa avant que son père fût empereur.