Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/388

Cette page a été validée par deux contributeurs.
380
VIE DE PEPIN-LE-VIEUX.

les ordres les plus sages, et excellait en courage dans la guerre comme en justice durant la paix. Il conservait envers le roi une entière fidélité, envers le peuple une équité inflexible ; ferme à maintenir, d’un esprit judicieux, ce qui appartenait à l’un et à l’autre, sans jamais s’attacher, pour l’avantage du peuple, à entreprendre sur le droit des rois, ni s’appliquer à étouffer, en faveur des rois, la justice due au peuple ; car il préférait le Seigneur, roi souverain, aux rois des hommes, et savait que sa volonté défend d’adorer la face des puissans, et de tenir compte, dans les jugemens, de la pauvreté ou de la richesse ; en sorte qu’il défendait pour le peuple ce qui était au peuple, et rendait à César ce qui était à César. Dans tous ses jugemens, il s’étudiait à conformer ses arrêts aux règles de la divine justice ; chose attestée non seulement, comme nous le dirons ci-après, par le témoignage de tout le peuple, mais aussi et plus encore par le soin qu’il prit d’associer à tous ses conseils et à toutes ses affaires le bienheureux Arnoul, évêque de Metz, qu’il savait être éminent dans la crainte et l’amour de Dieu ; car s’il arrivait que, par ignorance des lettres, il fut moins en état de juger des choses, celui-ci, fidèle interprète de la divine volonté, la lui faisait connaître avec exactitude. Arnoul était homme en effet à expliquer le sens des saintes Écritures, et avant d’être évêque, il avait exercé sans reproche les fonctions de maire du palais. Soutenu d’un pareil appui, Pépin imposait au roi lui-même le frein de l’équité, lorsque, négligeant la justice, il voulait abuser de la puissance royale. Après la mort d’Arnoul, il fut attentif à s’adjoindre dans l’administra-