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nuit en oraison ; et au point du jour l’enfant recouvra la lumière.

On se rendit de là au village de Jaunay ; là, l’évêque Ansoald vint à la rencontre du cortége avec une foule de clercs, de peuple et de pauvres, avec des encensoirs, des parfums, de l’encens, des croix, des cierges allumés, et des troupes considérables de gens qui chantaient. Il reçut le saint corps, et on se mit en marche vers la ville. Sur la route se trouva une femme courbée par les années, de telle sorte que sa tête touchait presque à ses genoux. Elle leva un peu les yeux, tout en priant, vers le cercueil du martyr, et son corps reprit sa première vigueur. Le pontife et tous ceux qui étaient présens admirèrent la puissance de Dieu et du saint martyr, et parvinrent à la ville en chantant ses louanges. L’évêque entra avec le saint corps dans la basilique située dans le faubourg, où repose sainte Radegonde, et là, un paralytique fut guéri par son arrivée. Lorsque le corps bienheureux fut porté à la basilique de Saint-Hilaire, un autre paralytique couché dans le chemin fut guéri sur-le-champ en touchant la bière ; peu après, une jeune fille aveugle recouvra la vue en invoquant le saint de Dieu : elle le suivit jusqu’à son tombeau, et se voua pieusement à son service.

Le saint corps fut ensuite enlevé de la ville, et porté avec grande joie, pendant un certain espace de chemin, sur les épaules de l’évêque, de ses prêtres et des serviteurs de l’église, jusqu’au village de Zerzinoille[1]. Alors une nombreuse troupe des moines du monastère de Saint-Maixent, où Léger avait d’abord

  1. Près du monastère de Saint-Maixent où il devait être enseveli.