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Quand chacun eut prit place, et se fut commodément installé, il y eut, en attendant le dernier coup de sifflet, un silence où se trahissait l’émotion longtemps contenue.

Après les ovations et les compliments, le voyage sérieux commençait.

Chacun se recueillit, en songeant que peut-être, ils ne reverraient jamais la France, et ce merveilleux Paris qu’ils venaient de traverser.

M. Bouldu grommelait sourdement.

Yvon était grave, et le docteur Rabican pensif.

Il venait de voir sa femme, dont Alberte serrait les mains entre les siennes, essuyer furtivement une larme.

Quant à Van der Schoppen, il souriait béatement, encore sous l’impression des bravos, accordés, croyait-il, à sa méthode.

Enfin, la stridence du sifflet déchira l’air.

Le train s’ébranla ; les faubourgs, la banlieue, puis les campagnes défilèrent avec une rapidité vertigineuse.

On était en route pour l’Asie centrale.

Après l’involontaire tristesse du départ, tous eussent voulu être aux prises avec les bêtes féroces et les hordes des Tartares des grands déserts, qui les séparaient de ceux qu’ils aimaient.

La locomotive, qui les entraînait avec une vitesse régulière de quatre-vingt-dix kilomètres à l’heure, semblait encore trop lente au gré de leurs désirs.