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dans la rue que, déjà, une foule sans cesse grossissante se pressait sur son passage. Cent mètres plus loin, il devint impossible aux voyageurs d’avancer. Les nombreux malades guéris par le docteur Rabican, ceux même jadis éclopés par le professeur Van der Schoppen, et qui, d’ailleurs, ne lui en gardaient pas rancune, poussaient des vivats retentissants.

Au centre d’un groupe, composé en majeure partie des anciens domestiques de l’institut Rabican, le garde-chasse Velut, juché sur une borne, se faisait remarquer par la puissance de ses organes vocaux.

– Voilà qui est de bon augure pour notre entreprise ! fit remarquer le docteur Rabican.

Van der Schoppen, qui avait fait la moue à la vue de son malade récalcitrant, esquissa un sourire satisfait.

– Ils sont moins ingrats que je ne le pensais, répliqua-t-il. Leurs acclamations montrent qu’ils sont plus reconnaissants que je n’aurais cru, envers la doctrine kinésithérapique.

Le docteur Rabican se fût fait un scrupule de détromper son ami.

Van der Schoppen resta donc dans ses illusions, et demeura persuadé qu’il suffit de semer des coups de poing à bon escient pour recueillir de la popularité.

En réalité, le sentiment populaire, parfois très juste dans ses appréciations, regardait Van der Schoppen comme un maniaque inoffensif, et ne