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tout autre qu’à lui, de s’aventurer, Van der Schoppen se démenait avec les précautions minutieuses et la grâce d’un ours fourvoyé dans la boutique d’une lingère.

Jamais il n’abandonnait sa pipe.

Quand le travail marchait au gré de ses désirs, il lançait, d’un rythme toujours pareil, de petites bouffées de satisfaction en donnant, à intervalles égaux, comme par habitude, de légers coups de poing sur son bureau.

S’il était arrêté par quelque difficulté, c’étaient de véritables trombes de nicotine que lançait la pipe de porcelaine.

Les coups de poing aussi devenaient formidables ; le bois du bureau craquait lamentablement et les piles de tomes oscillaient, sur leurs bases fragiles, de façon menaçante.

Les habitants de la maison voisine, d’abord alarmés de ces bruits insolites, avaient fini par s’y habituer.

Quant à Mme Van der Schoppen, instruite dans les bons principes kinésithérapiques, elle n’y faisait plus attention depuis longtemps.

D’ailleurs, quand il était plongé dans quelque travail d’importance, M. Van der Schoppen ne voulait être dérangé sous aucun prétexte.

Aux heures des repas seulement, Mme Van der Schoppen pénétrait, sur la pointe du pied, dans le cabinet de travail, mettait le couvert sur un petit guéridon spécialement affecté à cet usage et se retirait sans avoir fait le moindre bruit.